dimanche 20 décembre 2009

L'EXPORTATION DU GHETTO

L'histoire des subventions octroyées à trois écoles réservées exclusivement aux étudiants juifs orthodoxes a fait du bruit et continue de soulever les passions.

Il y a d'abord eu la ministre de l'Éducation qui en a sonné le glas sur les ondes de Radio-Canada.
Fini les millions de dollars aux étudiants qui refusent de fréquenter les cégeps publics pour des considérations religieuses.

La réplique fantasque et abracadabrante de M. Abraham Boyarsky, fondateur et directeur de l'Institut pour la Torah de Montréal (TAV), n'a pas manqué d'étonner. Je n'ai pas été le seul à la décrier.

Le 14 décembre, M. Jean Archambault retourne les accusations de M. Boyarsky en publiant sur le site Vigile.net un texte intitulé Les juifs hassidiques seraient marginalisés: qui les marginalise? M. Archambault soutient que ce sont bel et bien les hassidim eux-mêmes qui se sont volontairement enfermés dans un ghetto.

Bien sûr, en rabrouant les propos de M. Boyarsky, ce dernier pourrait encore avoir envie de traiter ses détracteurs d'antisémites. Mais que pourrait-il encore sortir comme argument fallacieux si la critique provenait d'un juif?

Il y a quelques jours, M. Bernard Cooper, un citoyen de Montréal, m'a écrit. Il avait espéré que Le Devoir publie la lettre des lecteurs qu'il avait préparée en réponse à M. Boyarsky. À défaut de trouver preneur dans le quotidien montréalais, M. Cooper me demande de diffuser sa lettre sur mon blogue. C'est donc avec plaisir que je lui offre cette modeste tribune. Voici donc le texte de M. Cooper qu'il a intitulé

NON AU FINANCEMENT DE L'EXPORTATION DU GHETTO

C'est avec stupéfaction que j'ai lu la lettre ouverte de M. Boyarsky au sujet du financement public du programme juif orthodoxe au Cégep Marie-Victorin. Le fondateur du Torah and Vocational Institute dénonce la décision du ministère de l'Éducation de mettre fin au financement d'études sectaires en invoquant le fait que "les juifs paient leurs taxes personnelles et TVQ comme tous les autres citoyens du Québec"... quand, dans les faits, ils se prévalent rarement du droit à se faire instruire aux ordres supérieurs.

Je suis un de ces très nombreux Québécois et Québécoises d'origine juive qui se sont très largement prévalus du système public d'éducation. M. Boyarsky occulte le fait qu'il écrit seulement au nom de la secte d'intégristes du "ghetto d'Outremont" comme il les qualifie. Il ne parle certainement pas de la majorité des Juifs du Québec qui, eux, se perçoivent comme des citoyens égaux et ayant à cœur de contribuer à l'édification d'une société laïque, pluraliste et libre.

Quand on entend M. Boyarsky prétendre qu'en coupant le financement de ce programme, les jeunes orthodoxes "seront poussés encore plus profondément dans leurs ghettos", on croirait être revenu à l'Italie ou à la Pologne du moyen-âge. M. Boyarsky sait très bien que rien ni personne ne force les hassidim et les autres ultra-orthodoxes à vivre en marge de la société dans des ghettos qu'ils créent de toutes pièces au cœur de nos villes.

Qu'ils se "ghettoïsent" eux-mêmes en privant volontairement leurs enfants des opportunités que nos sociétés leur offre, c'est, hélas, leur choix collectif. Mais exiger du gouvernement qu'il finance l'exportation du ghetto vers le régime d'instruction publique du Québec, c'est faire preuve d'un sacré culot et nous prendre pour des imbéciles.


Bernard Cooper,

Montréal


En parlant de ghetto, avez-vous entendu parlé de cette école juive orthodoxe de Grande-Bretagne qui a refusé d'inscrire un enfant, prétextant le fait qu'il n'était pas assez juif pour pouvoir rentrer dans l'établissement?

Imaginez-vous que la justice anglaise a statué que l'école n'a pas fait preuve de discrimination. Espérons seulement que le Québec n'en arrive jamais à une telle absurdité.

1 commentaire:

Mariclaude Ouimet a dit…
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