jeudi 28 janvier 2021

LES CADAVRES MAL ENTERRÉS


Ben non, voyons ! On ne peut quand même pas reprocher au maire Tomlinson de s’essayer. Surtout lorsqu’il s’agit de faire des guili-guili à ceux qui constituent son plus précieux bassin d’électeurs. Philipe sait fort bien qu’il est payant de se soumettre aux diktats des dirigeants hassidiques. Ce faisant, il s’assure que les hommes en noir qui craignent Dieu et leurs rabbins se conformeront à la volonté de ces derniers en bourrant les urnes en sa faveur lors des élections qui approchent. 

Le 7 décembre 2020, lorsque Tomlinson a dû rendre son verdict sur une demande de dérogation « mineure » qui permettrait au propriétaire du 375 Querbes d’agrandir sa cuisine, les citoyens du coin ne se faisaient pas trop d’illusions. Après tout, au fil de ses trois années de règne autocratique, Philipe a fait plusieurs fois la preuve qu’il pouvait se moucher avec la réglementation et octroyer les passe-droits qui l’arrangeaient. 


Or, surprise ! Contre toute attente, le maire et son équipe ont semblé ne pas avoir eu la «compassion» qu’implorait pourtant le propriétaire du 375 Querbes. 

Que diable s’est-il passé pour que Projet Montréal-Outremont frustre ainsi ce pauvre propriétaire qui a pourtant ses lettres de noblesse dans sa communauté ? C’est d’autant plus surprenant qu’à peine 18 mois plus tôt, ce même Tomlinson avait accordé au propriétaire du 367 Querbes, son voisin immédiat, une dérogation encore plus criante d’illégalité que celle qu’il vient de lui refuser. 

Comparons. Dans les deux cas, les demandes de dérogation excédaient de beaucoup les normes maximales prescrites dans le règlement de zonage, ce qui d’après le Comité consultatif sur l’urbanisme (CCU) ne faisait qu’aggraver une situation dérogatoire déjà existante. L’article 5.3.1 interdit une telle chose. 

Les deux agrandissements demandés contrevenaient carrément à l’article 7.12.1 du règlement 1177. Celui-ci prévoit que le pourcentage d’occupation au sol dans la zone de ces deux résidences ne peut pas dépasser 45 % de la superficie du terrain. Or dans un cas comme dans l’autre, les nouvelles dérogations propulsaient ce pourcentage à 57 % et 58,5 % ! Dans le monde sportif, on n’appelle plus ça du saut en longueur, mais du saut à la perche ! 

Pour mal faire, aucun des deux demandeurs n’a pu démontrer que le refus de leur accorder une dérogation leur causerait un préjudice sérieux comme l’exige l’article 145.4 de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme. Le CCU avait toutes les raisons du monde pour refuser ces dérogations. Autrement dit, n’appelez pas la DPJ. Même sans ces agrandissements, aucun enfant n’aurait été forcé de passer ses nuits dans une souccah de plywood sur le balcon. 

De toute façon, lorsqu’il a acheté sa résidence, la réglementation sur le zonage était en vigueur depuis près de 15 ans ! Le propriétaire savait ce qui l’attentait si, d’aventure, il lui prenait l’envie de fonder une grande famille. Rappelons aussi qu’en 1913, lorsqu’elle a été construite, cette maison, comme bien d’autres du quartier, avaient justement été conçues pour pouvoir accueillir les six, huit, dix enfants de nos propres grands-parents. 

Entre les projets des deux voisins, il y avait tout de même une différence significative : l’accès aux garages. 

Avec l’agrandissement qu’il souhaitait faire, le proprio du 375 n’aurait pas perdu l’usage de son garage. Sa fourgonnette aurait pu continuer d’y entrer allègrement. Par contre, les travaux réalisés par son coreligionnaire du 367 ont littéralement condamné son garage. Notre homme aurait beau troquer une Station wagon contre une Honda Fit, ça ne « fittera » pas dans l’embrasure. Pourtant, l’article 9.1.1 du règlement 1177 est on ne peut plus clair : « Un permis de construction ne peut être émis à moins que n’aient été prévues des cases de stationnement hors-rue ».

Lors d’une assemblée du conseil, nous avons lancé un défi au maire et à son directeur de l’aménagement urbain. S’ils parvenaient à y faire entrer une petite voiture (même une Smart), nous étions prêts à lâcher le morceau. La réponse du maire ? « C’est un terrain privé. On peut pas faire ça ! » Pourtant, les inspecteurs peuvent y aller à leur guise. Voilà comment M’sieur le Maire écrase plusieurs règlements avec sa grosse BM. 



La photo ci-haut vaut 1000 mots. Si le propriétaire du 375 Querbes avait été autorisé à réaliser son agrandissement, voici comment se présenterait l’allée véhiculaire commune aux deux propriétés une fois les travaux complétés. Le 375 aurait conservé l’utilisation de son garage, ce qui n’est plus le cas du 367. Ce dernier, dans les bonnes grâces de Projet Montréal, a eu droit à un passe-droit flagrant. En médaillon, la photo originale prise le 14 septembre 2020. 

Contre toute logique, Tomlinson a donné sa bénédiction à celui des deux voisins mitoyens dont les transgressions à la réglementation municipale étaient les pires. C’est vrai qu’au 367, il s’agissait de quelqu’un de la famille de Michael Rosenberg, mais mettez-vous à la place de l’autre gars. Vous ne seriez pas furieux de ne pas pouvoir jouir des mêmes passe-droits que votre voisin ? C’est ce qu’on appelle créer un précédent. 

Vous vous demanderiez peut-être s’il n’aurait pas mieux valu filer une petite enveloppe brune au maire. Mais voyons donc. Notre maire n’est quand même pas un ripou. On ne saurait dire s’il crache sur les bruns, mais ces temps-ci, s’il avait à choisir, parions qu’il préférerait les votes. 



Selon les plans approuvés par l’arrondissement (voir le médaillon), en élargissant de près de quatre pieds la résidence, une voiture n’a plus la place nécessaire pour entrer dans le garage. On a aussi prévu que plus de la moitié de l’espace devant la porte du garage sera végétalisé. Bref, on condamne doublement un espace de stationnement en dépit de l’article 9.1.1 du règlement 1177 qui l’interdit spécifiquement. 

Devant les fonctionnaires qui se sont penchés sur le dossier (il faut absolument que vous jetiez un oeil sur les différences de traitement entre les deux voisins !), Tomlinson a fait semblant de tomber des nues. 

La limite de couverture au sol de 45 % en vigueur depuis 1992 dans ce secteur de l’arrondissement l’agace souverainement. Il aurait bien voulu trouver une façon de contourner la maudite norme, d’envoyer au diable les critères destinés au maintien d’un minimum d’espaces verts pour préserver la jouissance des cours arrières, assurer la perméabilité du sol et une densité du bâti qui favorise un milieu de vie épanouissant. 

Petit écologiste de façade, Tomlinson rage de ne pas pouvoir utiliser quand ça lui chante l’entourloupette de la dérogation mineure pour « bypasser » les contraintes du règlement de zonage. S’il n’en tenait qu’à lui, le 45 % prendrait le bord demain matin. 

Hélas ! Selon la loi, pour modifier ce pourcentage, Philipe n’aura d’autre choix que de faire faire une analyse rigoureuse du territoire et de tenir une consultation citoyenne sur la question. Mais comme tout le monde sait, les consultations dont il ne peut définir lui-même les paramètres qui lui conviennent, ça ne l’excite pas trop trop. 

Un gars qui veut, c’est un gars qui veut. Mais on se demande un truc. Puisque Mindy Pollak a réussi à faire une belle grosse fleur à son coreligionnaire du 367 Querbes sans aucune justification, pourquoi Tomlinson n’a-t-il pas fait de même pour le pauvre bougre du 375 ? 

Pour y répondre, rappelons-nous que le 9 avril 2018, lorsque Pollak et son maître à penser ont fait voter leur dérogation viciée au conseil, ils étaient convaincus que le bon peuple ne sentirait pas l’odeur de putréfaction qui se dégageait du dossier. 

Malheureusement, le Fleecy à Mindy n’a pas suffi pour camoufler les miasmes des magouilles de Projet Montréal. Au fil des mois suivants et encore aujourd’hui, plusieurs citoyens s’insurgent de ce passe-droit véreux. Bien que Tomlinson n’ait pas (encore!) reculé, le dossier continue de le hanter. 

En ce début d’année électorale, on dirait bien que le maire redoute d’attirer à nouveau les mouches et les asticots avec ses cadavres mal enterrés. 

Après avoir été échaudé par le dossier du 367, et même s’il trépignait d’envie d’accorder la « dérogation » à son voisin, Tomlinson n’a peut-être pas vraiment le goût de risquer une énième controverse. Dans la foulée de ce cas particulier, il y a deux autres éléments troublants dans cette histoire pas nette du tout. 

Nous nous sommes aperçus qu’à peine trois ans après avoir acheté le 367 Querbes et sans jamais l’avoir habité, le propriétaire vient de revendre sa résidence 643 000 $ de plus qu’il ne l’avait payée. Ça fait tout de même une augmentation de valeur de 54,7 %. En 37 mois, ça se prend bien ! Même s'il faut déduire ce qu'il a dû débourser pour faire des rénovations.

On serait curieux de savoir dans quelle proportion le permis d’agrandir qu’on lui a offert en contravention des règlements lui a permis de dégager une si belle plus-value. 

Quoi qu’il en soit, ce sera loin d’être la première fois que des passe-droits semblent profiter à des zamis. Cliquez ici pour vous rafraîchir la mémoire. 

Le cas du 34 Maplewood est particulièrement révoltant.


En dernier lieu, il y a la façon dont Philipe Tomlinson conçoit sa politique partisane qui ne nous dit rien de bon. Il supporte tellement mal de ne pas pouvoir offrir des passe-droits à ses amis, qu’il pourrait bien nous fricoter une petite théorie « inclusiviste » de son cru. On le sent venir avec ses gros sabots de Woke. 

L’idée de devoir annoncer à ses sympathisants qu’ils n’auront pas le choix de déménager s’ils souhaitent vivre dans plus grand lui répugne au plus haut point. Tellement, qu’il ne faudrait pas se surprendre s’il nous disait qu’à cause de NOS règlements « restrictifs », certains de nos concitoyens se sentent exclus, rejetés, brimés et défavorisés. En trois mots, même notre règlement de zonage serait dégoulinant de racisme systémique. Ça promet. 

En attendant, les Outremontais sont encore et toujours forcés de suivre à la trace et de talonner les élus et leur suite. Souvent, ces « dignitaires » nous prennent de haut, persistent dans leur mauvaise foi et deviennent aussi imperméables que du silicone à salle de bains. 

Heureusement, il arrive que les citoyens parviennent non seulement à les débusquer, mais à les coincer dans le fond de leur terrier et à les faire capituler. Quand le miracle opère, croyez-nous, c’est particulièrement jouissif. En voici justement un de ces petits miracles qui s’est produit récemment. 


En 2014, à cette résidence de l’avenue Outremont, c’était la belle vie. Mais en 2018, le laxisme inqualifiable des autorités de l’arrondissement est allé jusqu’à renoncer à exiger du propriétaire qui avait illégalement défiguré sa façade de la reconstruire tel qu’elle était à l’origine. En janvier 2021, nous pouvons enfin vous présenter le résultat d’une belle bataille citoyenne. Vous nous direz si ça n’en valait pas la peine.



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