dimanche 18 juillet 2010

LA SAINTE ARNAQUE

Vous souvenez -vous de la levée de boucliers qu’avait suscitée l’annonce faite par Gérald Tremblay, le 18 octobre 2006?

Ce jour-là, sans que la moindre consultation publique ait été tenue, le maire de Montréal avait décrété que l’avenue du Parc deviendrait rouge. Elle s’appellerait l’avenue Robert Bourassa.
Aujourd’hui, à la vitesse impressionnante à laquelle les ultrareligieux envahissent cette artère majeure de la ville, parions que l'avenue du Parc sera bientôt rebaptisée Theocracy Avenue ou, loi 101 oblige, l’Avenue du Pa...ssage de la mer Rouge. Tout cela confirme bien l'explosion anarchique du nombre de lieux de culte de toutes confessions que relatait Le Devoir du 12 août 2009.

Dans notre dernière chronique du 3 juillet 2010, nous vous faisions découvrir un lieu de culte
hassidique qui nous était jusqu'alors inconnu. Eh! bien. À peine deux semaines plus tard, un autre citoyen du Mile-End nous a alertés à la suite de nouveaux travaux qui se déroulent dans la ruelle ouest de l'avenue du Parc, entre Bernard et Van Horne. Cela nous force déjà à réviser à la hausse le nombre de synagogues intégristes squattant le Mile-End. Nous en sommes désormais à au moins 24 lieux de culte hassidiques sur moins d'un kilomètre carré, à cheval entre Le Plateau et Outremont.

Aux six derniers lieux de culte ultraorthodoxes à avoir récemment été identifiés dans l'arrondissement du Plateau Mont-Royal, il faut désormais ajouter deux nouvelles adresses marquées du sceau de la sainteté rabbinique.

Commençons par l'immeuble du 5870 avenue du Parc.

Le papier collant placé dans les vitrines de façade est probablement destiné à dissimuler les activités illégales des ultrareligieux. Cette pratique d'obstruction des vitrines est pratiquement devenue une marque de commerce. À tel point que cela ne dupe plus que ceux qui préfèrent ne pas savoir ce qui se trame à l'intérieur.


Par les interstices, toutefois, impossible de rater les livres sacrés ouverts sur les longues tables alignées. Les affichettes en yiddish punaisées sur les murs de gypse viennent confirmer que nous ne nous trouvons pas en présence d’un temple bouddhiste.







Cliquer sur la photo ci-contre pour accéder à la visite guidée de cette nouvelle synagogue






Le nouveau plat de résistance hassidique se concocte aujourd'hui dans les rez-de-chaussée et les sous-sols des deux triplex portant les adresses civiques 5896 à 5906 avenue du Parc.


En façade, c'est le calme plat. Rien n'y parait. Il faut avoir l'œil fin pour remarquer le permis de construction affiché au bas d'une des fenêtres de façade.

Mais si vous faites une marche de santé dans la ruelle derrière les deux immeubles, le secret est rapidement éventé.

Monsieur Jacob Spira, un membre de la communauté hassidique, a demandé et obtenu des autorités du Plateau Mont-Royal de réunir les comptes fonciers des deux triplex et d'aménager un "centre communautaire" en fusionnant les rez-de-chaussée et les sous-sols des deux triplex mitoyens.

L'annexion progressive et en douce d'immeubles mitoyens comme ceux-ci. N'est-ce pas ce qui s'est produit sur la rue Jeanne-Mance et ce qui risque fort de se produire dans quelques années à la synagogue du 5363 Hutchison qui cherche, elle aussi, à prendre de l'expansion?

Comme si cela ne suffisait pas, le permis donne le droit à M. Spira d'agrandir le bâtiment de près de 1 100 pieds carrés par l'arrière. C'est une méchante synagogue d'ultrareligieux qui est en train d'être implantée dans un endroit où le zonage l'interdit spécifiquement.

L'histoire ne dit pas encore si les autorités du Plateau font exprès de se fermer les yeux ou s'ils sont tout simplement naïfs. Une chose est certaine, cependant, les dirigeants hassidiques sont des virtuoses pour contourner les embuches du zonage et hypnotiser les élus et les fonctionnaires municipaux.
Après étude des expériences passées, le jeu des dirigeants hassidiques est très clair. Avant d'aller demander un permis (quand ils se donnent la peine d'en demander un!), ils vérifient d'abord de ce que le zonage permet là où ils ont choisi de s'installer.
Si un lieu de culte y est permis, ils feront une demande pour établir une synagogue. Si, par malheur, il est interdit d'y installer une synagogue, mais qu'un centre communautaire y est autorisé, ils appelleront tout simplement leur synagogue un "centre communautaire". Si le zonage permet un restaurant, mais interdit une synagogue ou un centre communautaire, nos bons religieux diront qu'ils installent un restaurant. Si vous vous en souvenez, c'est exactement ce que les dirigeants hassidiques avaient prétendu lorsqu'ils avaient décidé d'implanter leur
synagogue illégale au coin des rues Lajoie et Durocher. Même Alex Werzberger avait avoué qu'ils avaient usé de fausse représentation pour arriver à leurs fins.

Une fois les fenêtres bien givrées, qui donc aura le culot de les prendre en défaut? Il semble qu'il ne soit pas encore au monde l'inspecteur ou l'élu qui aura le toupet d'enfoncer la porte d'entrée pour dénoncer la sainte arnaque.


Comme à l'habitude, seuls quelques citoyens qui en ont ras le pompon de subir les inconvénients des illégalités qui s'accumulent de façon exponentielle monteront au front pour dénoncer à leurs propres frais ce que les autorités ne sont pas foutues de faire. Mais dites-nous... Le respect de la réglementation municipale, n'est-ce pas pourtant une de leurs grandes raisons d'être?


En attendant, la grande artère de Montréal est en voie de connaître le sort qu'a connu
la 14th Avenue de Boro Park, à New York. Un triste sort, s'il en est.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

L'avenue de la Théocratie n'est que l'épiphénomène de la ceinture Torahnique (Torah belt), en expansion constante pour le bonheur des politiciens et le malheur des "évolués" (ceux qui croient à la théorie de l'évolution).

Mariclaude a dit…

Je trouvais que ça manquait dans le quartier: les synagogues-illégales-centres-communautaires-locaux-d'enseignement-religieux !!

Un gros Merci à Luc Ferrandez et à son équipe !