dimanche 27 juin 2010
LA FABRIQUE DE BONASSES
Le 3 décembre 2008, Michelle Courchesne, la ministre de l'Éducation, semblait faire le «V » de la Victoire sur les ondes de Radio-Canada.
Grâce à ses talents de négociatrice, les intégristes ultraorthodoxes s'engageaient à respecter — dans quelques années! — le régime pédagogique et la loi sur l'enseignement privé. «C'est, disait-elle, une ouverture de leur part qui n'avait jamais existé avant."
Quant au fameux cours Éthique et culture religieuse (ECR) qu'elle voulait imposer à tous les enfants des écoles québécoises, Michelle Courchesne assurait qu'il n'y aurait pas d'exemption. Le ministère allait opposer une fin de non-recevoir à toute demande de substitution pour un autre cours que formuleraient des écoles privées.
Mme Courchesne rêvait en couleur. Même Pierre Anctil, amicus curiae de la secte hassidique l’avait averti qu'elle perdait son temps à négocier avec les rabbins un contrat qui les engagerait à respecter le nouveau cours. «C'est impensable pour eux d'enseigner Noël ou Pâques. Ils diraient que cela viole leur conscience.» Comme de fait, les ultraorthodoxes ont continué leur petit bonhomme de chemin comme si de rien n’était. Ils ont laissé à d’autres intégristes le soin de contester ce cours non conforme à leur philosophie orthodoxe.
C’est finalement la direction du collège Loyola, une école secondaire privée catholique de l'ouest de Montréal, qui a choisi de contester l’obligation de dispenser le nouveau cours « laïque » devant la Cour supérieure. Le 18 juin 2010, la Cour supérieure a tranché. (Cliquer ICI pour visionner le reportage de Radio-Canada).
Dans son jugement, le juge Gérard Dugré a infligé un camouflet à Mme Courchesne en donnant raison au collège Loyola. Ce dernier n’aura pas à donner le cours d'éthique et de culture religieuse tel que l’exige le gouvernement. L’école secondaire pourra donc dispenser le cours ECR avec une perspective catholique. Voilà qui fera plaisir aux intégristes de tout poil.
Est-ce vraiment une catastrophe? Ceux et celles qui prônent la laïcisation complète de l'école et de la société sont-ils sur le bord de l'apoplexie? Ma foi, pas tant que ça. Même que certains poussent un soupir de soulagement.
Marie-Michelle Poisson, présidente du Mouvement laïque québécois, en profite plutôt pour conseiller au gouvernement Charest de sortir carrément la religion des écoles, d'enterrer le cours controversé et de s'atteler à concocter un programme véritablement laïque. Prenez connaissance de sa critique du nouveau cours.
Marie-Michelle Poisson n'est pas la seule de sa gang, mais pour les fins de cette chronique je m'attarderai sur la critique éclairée de la sociologue Joëlle Quérin.
Le 23 juin 2010, Mme Quérin a profité du jugement en faveur de Loyola pour mettre en pièces le cours ECR dans les pages de La Presse.
Cliquer sur la photo ci-contre pour lire l'article
Auteure d'une étude sur le cours litigieux pour l'Institut de recherche sur le Québec (IRQ), Mme Quentin estime que le volet éthique du programme ministériel «vise d'abord à faire accepter la diversité des modes de vie alors que le volet culture religieuse se limite à l'examen des manifestations du religieux qui entourent les élèves, et en particulier des pratiques vestimentaires et alimentaires qu'ils sont tenus de respecter et d'accommoder.»
En deux mots, ce n'est rien d'autre qu'un «cathéchisme multiculturaliste pour fabriquer une génération accommodante».
Joëlle Quérin n'en était pas à sa première sortie publique contre le cours débilitant du ministère de l'Éducation. Le 22 mai 2010, elle a prononcé une allocution sur le sujet (cliquer ICI pour lire le texte de l'allocution ou ICI pour l'entendre) dans le cadre d'un colloque organisé par le Collectif Citoyen pour l'égalité et la laïcité (CCIEL). Elle y vilipendait encore ce cours qui «vise à ce qu'il n’y ait au Québec aucune culture commune, mais plutôt une diversité de cultures, et à ce que la seule chose qui nous unisse au-delà de cette diversité culturelle soit les Chartes des droits et libertés et quelques règles strictement procédurales qui encadrent la vie publique». Bref, le ECR est un véritable hymne à la « laïcité ouverte ».
Ayoye! Pour être clair, c'est clair. Voici, une fois encore, que nos bons gouvernements font tout pour diluer la société distincte et ne faire de la culture québécoise qu'un élément parmi tant d'autres qui forment la «mosaïque canadienne».
Vous aimeriez la voir et l'entendre s'exprimer avec conviction? Facile! Cliquez sur les deux photos ci-dessous. Vous ne perdrez pas votre temps.
Entrevue de Joëlle Quérin avec Mario Dumont, le 10 décembre 2009
Joëlle Quérin interviewée sur LCN par Denise Bombardier, le 19 décembre 2009
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3 commentaires:
Je lis votre blogue de plus en plus. Du grand journalisme, bien
documenté et fait en dehors de "la pensée unique".
Les Québécois ont su bâtir pacifiquement une société moderne en plus ou moins quatre décennies. Je suis outrée de constater de plus en plus que la stratégie de certains politiciens en faveur d'une société
"multiculturelle" est en train d'aboutir. Au lieu d'adopter un profil bas, les Québécois devraient affirmer haut et fort leurs valeurs d'humanisme, de démocratie et de solidarité.
effectivement fabrique de bonasses
un cours d'accomodements où il est interdit de montrer une préférence vis à vis d'une religion plutôt qu'envers d'autres.
Qui ose encore assimiler certains comportements, comme la violence conjugale, à l'enseignement d'une certaine religion ? Qui osera encore dire qu'une certaine autre religion enseigne que la femme est à la source de tous les malheurs de l'umanité ? Que de sottises ! Quand est-ce nous libérerons nous de la sottise ? Et surtout de la lâcheté !
Le "V de la Victoire" de Mom Courchesne n'en est pas un.
Le vrai "V de la Victoire" expose la paume de la main.
Ici, ce sont les cornes du Diable.
Bref, Mom Courchesne voue son interlocuteur à l'Enfer.
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