À Montréal, au début des années 1950, les laitiers ont commencé à se départir de leurs "buggies". Les écuries se vident graduellement, le fer à cheval cède le pas au moteur à explosion et l'essence au plomb remplace les balles de foin.
Michael avait flairé la bonne affaire. Si bien qu'en 1952, il ouvre la première station-service de la rue Hutchison.
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Grâce à sa pompe à essence toute rutilante et sa remorqueuse bien à l'abri dans son garage, notre homme allait être en business. Si vous deviez tomber en panne sèche, il vous suffirait de composer le EAST 6681. En moins de deux, Michael volera à votre secours.
Notre homme d'affaires a été saprément chanceux, car peu de temps après l'acquisition de son commerce, la municipalité a décidé d'instaurer un règlement de zonage interdisant l'ouverture d'un garage ou de n'importe quel autre type de commerce sur la rue Hutchison. Dorénavant, la rue sera destinée exclusivement à du logement résidentiel. Sans risque de voir débarquer la concurrence dans les parages, Michael se frotte les mains. Il jouit d'un droit acquis. C'est à dire que tant et aussi longtemps qu'il utilisera l'endroit en tant que station-service, personne ne pourra exiger qu'il ferme boutique, et ce, en dépit du règlement de zonage résidentiel en vigueur.
Pendant de nombreuses années, sa pompe nourrit à satiété les chevaux-vapeur de ses clients réguliers. À 49 cents le gallon, son commerce baigne dans l'huile. Mais avec l'essor de l'American Dream, la vente de voitures prend le mors aux dents et le parc automobile s'emballe.
Toujours aussi visionnaire, Michael prend vite la mesure de l'opportunité qui s'offre à lui. Pour pomper davantage de profits, son distributeur d'essence ne suffit plus. Dans les années 1980, Michael décide donc de stationner sa remorqueuse dans la cour de son voisin et aménage un atelier de réparations dans son espace de garage. Personne ne s'en formalise. L'espace est là. Aussi bien que ça serve à quelque chose. Après tout, il ne s'agit que d'un simple réaménagement interne, non?
Une petite vidange d'huile par-ci, une rotation de pneus par-là, un plein à 82 cents le litre en prime. Le business roule. C'est le bonheur. C'est le bonheur, mais...
Mais les années passent et Michael ne rajeunit pas. Veut, veut pas, il lui faut bien commencer à penser à la relève. S'il souhaite léguer quelque chose de substantiel à son Martin, il sait qu'il doit absolument agrandir son garage.
En 2010, pour être compétitif, une porte de garage ne suffit plus. Outre la vente d'essence et la mécanique, il est impératif d'ouvrir une deuxième porte. Une concession de Monsieur Muffler jumelée à un service spécialisé dans la suspension automobile, voilà qui promet.
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Comme il sait qu'on n'attire pas les mouches avec du vinaigre, Michael calcule qu'avec à peine 700 pieds carrés supplémentaires, il peut aménager un dépanneur et un mini stand à patates frites. Non, mais pensez-y. Pendant qu'un client se fait installer un muffler Hollywood, il peut se prélasser sur la nouvelle terrasse arrière et siroter une blonde tout en grignotant une poutine maison. L'affaire est Ketchup!
Il ne reste plus qu'à aller exiger son permis à l'Hôtel de Ville. Une simple formalité, en fait, puisque Michael n'a qu'à raconter qu'il va à peine agrandir sa station-service de huit pieds vers l'arrière. Et lorsque le fonctionnaire lui demandera s'il compte réparer plus de voitures en ouvrant une deuxième porte, Michael le rassurera. "Ben non, voyons. C'est juste pour que mon mécanicien soit plus à son aise." Et il brandira le droit acquis qu'il possède depuis presque 60 ans pour que le fonctionnaire étampe son permis. D'ailleurs, pourquoi un fonctionnaire d'arrondissement devrait-il se méfier? Tout le monde sait qu'un pompiste ne ment pas comme un arracheur de dents. Eh! puis, c'est connu... une station-service sans dépanneur, ça se peut pas! Vous ne me croyez pas? Demandez-le à Mayer Feig et à Moshe Englander.
Ils vont vous le dire eux-autres comment ça marche un droit acquis. (Cliquer sur la photo)
mardi 11 mai 2010
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5 commentaires:
En tout cas, l'usage étendu du shul du 5363 Hutchison semble être approuvé par les spécialistes du "changement" que sont les élus du Plateau. Pour les goys, plus ça change plus c'est ghetto!
Les "politiques" du Plateau devraient imiter la ministre Courchesnes qui a voulu en passer une ptite vite en faveur des utra-religieux, mais qui a reculé fasse à la grogne populaire.
Dans cette affaire qui oppose Pierre Lacerte et ses concitoyens, aux élus du Plateau, il est intéressant de constater que messieurs Lacerte et Alex Norris (conseiller de ville représentant le Mile-End)sont tous deux des journalistes aguerris qui parlent le Français, l'anglais, l'italien, le Portugais et l'espagnol.
Toutefois Pierre Lacerte est à l'origine un francophone alors qu'Alex Norris est à l'origine un anglophone.
Comme quoi laïcité française et multiculturalisme anglais n'ont pas encore trouvé un dénominateur commun dans le respect de l'environnement.
La ministre Courchesne a reculé mais c'est de la poudre jeté aux yeux. Pour les écoles illégales hassidiques, les privilèges restent exactement les mêmes: elle a simplement légalisé et justifié leur école le dimanche !
Et malgré ce dimanche d'école, les Hassidims n'ont jamais eu le temps de se plier aux exigences académiques du ministère ! Et pourtant, la ministre, depuis des lustres, menacent les Hassidims de coupures de subventions si ils ne respectent pas son programme !!
La Courchesne n'a AUCUN contrôle sur le lobby juif. Pourtant, ce serait si simple:couper les subventions ! Les Hassidims, de par leur religion, vivent dans un ghetto qu'ils entretiennent au jour le jour mais ils acceptent volontiers de l'argent d'une société à laquelle ils refusent délibérement de se mêler !
Décidément, la cohérence ne fait pas partie de leurs 613 règlements: l'opportunisme, certainement !!!
Votre billet devrait allumer les nostalgiques de Mordecaï Richler comme Alex Norris. Cette époque où l'auteur évoque le tramway sur la main et canadiens français bornés et racistes. Pour autant, Richler ne manquerait pas de se moquer dans un humour caustique des hassidiques actuels et de leur folklore asocial.
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