Il y a plusieurs années, je me trouvais en Australie alors qu'une campagne électorale battait son plein. C'est à Sydney, au cours d'un souper entre amis, que j'ai entendu un des invités raconter qu'il s'était déjà fait coller une contravention pour avoir négligé d'aller voter. Je croyais à une plaisanterie, mais on m'a vite fait comprendre que cela n'avait rien d'une blague.
Sur le coup, j'ai été scié. Je trouvais la mesure radicale. Mais depuis, non seulement me suis-je fait à l'idée, mais j'en suis venu à trouver la méthode tout à fait justifiée. Au point où à chaque nouvelle élection qui survient, je le répète à qui veut bien l'entendre.
C'est un formidable privilège que de pouvoir revendiquer haut et fort nos droits. Mais comme en tout, les droits sont toujours rattachés à des obligations.
Quand un nid de poule nous conduit au garage, souhaitons-nous dénoncer la négligence des élus? Quand une hausse de taxes exagérée nous tombe dessus, tenons-nous à protester ? Quand ceux qui sont supposés nous représenter ne sont pas foutus de faire appliquer leurs règlements de façon équitable et sans passe-droits, voulons-nous nous indigner?
Réclamer, exiger et revendiquer, c'est très bien, mais il me semble que ce privilège devrait être rattaché au devoir de se rendre aux urnes. Bref, si vous votez, réclamez tout votre saoul! Si vous ne vous prononcez pas, assumez les conséquences de votre silence et ne rechignez pas.
Dans son édition du 3 novembre 2009, Le Devoir publiait un article intitulé De droit de vote à électeurs conscrits dans lequel différents intervenants se demandent ce qu'il faudrait faire pour pallier l'anémie des électeurs. Alors que le vote obligatoire fonctionne très bien en Belgique et en Australie, dans sa belle naïveté,Marcel Blanchet, le Directeur général des élections du Québec espère encore utiliser nos millions pour tenter de faire sortir les électeurs de leur léthargie. Par ailleurs, il craint que le système du vote obligatoire ne passe pas le test de la Charte des droits et libertés.
On l'aime bien la Charte, mais sert-elle plus la démocratie qu'une élection participative concernant TOUS les citoyens d'une ville, d'une province ou d'un pays? En quoi l'obligation de voter de temps à autre serait-elle une contrainte plus inacceptable que l'obligation de s'arrêter aux feux rouge à chaque intersection 100 fois par jour, sous peine d,une contravention très salée?
Puisque l'on parle de contrainte abusive, je doute fort que l'obligation de voter puisse être une accroc inacceptable au regard de la Charte des droits et libertés. Qu'est-ce qui me permet de croire cela? Il fallait voir avec quelle assiduité et quel empressement les membres de la secte ultra orthodoxe d'Outremont (du plus jeune au dernier des grabataires) se sont précipités sur les bureaux de vote, le 1er novembre dernier. Pour que ces intégristes, par ailleurs si soucieux de ne pas se frotter à notre société décadente, s'accommodent de cet exercice avec un tel zèle enthousiaste, c'est bien en soi la preuve que le vote obligatoire serait tout à fait cachère.
S'il fallait une autre bonne raison pour l'instaurer, je répéterais tout bonnement ce qu'a évoqué Josée Boileau dans son éditorial du 3 novembre 2009. Le vote obligatoire serait la solution à adopter "si on ne veut pas que la politique finisse entre les mains d'un club fermé de citoyens".
Mais quand on sait combien la désaffection des citoyens favorise l'establishment en place et les contrats juteux entre copains magouilleurs, il ne faudra pas se surprendre qu'il faille tordre sur 360 degrés le bras de nos élus pour qu'ils se voient forcés de légiférer en ce sens. Money talks!
5 novembre 2009
À la suite de l'éditorial de Josée Boileau, Michel Rioux, un citoyen de Montréal, publie une lettre des lecteurs dans Le Devoir. Il estime lui aussi que le droit de vote est également un devoir. Outre l'Australie et la Belgique, le Luxembourg, le Costa Rica, le Brésil, la Grèce et la Turquie s'ajoutent à la liste des pays qui rendent obligatoire l'acte de voter. L'idée fera-t-elle son chemin jusque chez nous? Espérons-le!
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3 commentaires:
Je vote donc je chiale! Tenez le vous pour dit, madame la mairesse!
Il semble que ce qui devait arriver est arrivé. Mais il faut blâmer une bonne partie de Montréalais trop paresseux pour se déplacer et faire leur petit X sur un bulletin de vote.
Finalement, il faudrait prendre les hommes en noir comme exemple...
Le vote obligatoire a été décidé fin du 19e siècle en Belgique pour donner ce droit aux classes les plus pauvres. C'est une très bonne chose.
Il n'y a actuellement aucune sanction en cas d'abstention: les tribunaux, trop encombrés, ne poursuivent pas.
On a vu ce qui s'est passé en France aux présidentielles de mai 2002 avec les Français qui sont partis à la plage ou à la pêche au lieu d'aller voter. L'extrême-droite est passée et a obtenu son ticket pour le 2e tour.
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