mercredi 31 mars 2021

LE FOND DE TEINT DE PHILIPE


Vous souvenez-vous de la phrase qu’avait prononcée Philipe Tomlinson le 25 octobre 2017? Il avait réuni ses partisans  dans un local de la rue Van Horne. C'était un espace commercial appartenant à un Outremontais à qui il évitera un procès malgré les importants travaux illégaux qu’il a réalisés chez lui. Là, le candidat à la mairie d’Outremont avait laissé tomber ceci :

«On a besoin de trouver une façon, 
lorsque le besoin se refera sentir, 
de contourner ce règlement-là 
qui interdit [les synagogues] à Outremont.»

Aujourd’hui, en année électorale, Tomlinson tente par tous les moyens de faire oublier cette déclaration qui lui est restée comme un bouton au milieu de la face. Un furoncle qui, ajouté à toute une série de manœuvres plus douteuses les unes que les autres, a gangrené son image politique.

Pensons au tour de passe-passe qu’a fait Michael Rosenberg dans l’immeuble du 1260 avenue Bernard. Le 4 avril 2016, un an après avoir obtenu un permis pour aménager un bain rituel et une «salle polyvalente» en face du restaurant Les enfants terribles et du Théâtre Outremont, le magnat de Rosdev a décidé de jouer le tout pour le tout.

Rappelez-vous. Profitant d’une information privilégiée qui semble avoir été ébruitée par
Mindy Pollak, la conseillère de Projet Montréal, Rosenberg a réclamé en catastrophe un agrandissement supplémentaire de 6 087 pi2 pour aménager une synagogue dans l'édifice situé au coin de Bernard et Champagneur. Il a déposé sa demande quelques heures à peine avant que les élus présentent au conseil un avis de motion pour faire interdire tout nouveau lieu de culte sur Bernard. C’était près de cinq fois la superficie que le président de Rosdev avait demandée et obtenue au printemps 2015. 

Mindy et Philipe Tomlinson devaient être fiers de leur complicité. Un peu plus d’un an avant les élections de 2017, cette entourloupette allait certainement permettre à nos deux moineaux de Projet Montréal d’engranger par anticipation de précieux votes hassidiques.

Comme si ce coup fumant n’avait pas suffi, cinq mois plus tard (septembre 2016) Tomlinson est allé déposer lui-même en personne la demande de registre qui permettrait de contester le règlement qui interdirait l’aménagement de nouveaux lieux de culte sur la partie commerciale de l’avenue Bernard. Les Rosenberg, Tomlinson et Cie ont perdu le vote référendaire, mais ces opportunistes calculateurs n’allaient pas se dégonfler pour si peu.

Le 6 février 2019, le maire Tomlinson offre une nouvelle fleur au dirigeant hassidique délinquant. Dans un souci de «poursuivre [ses] efforts de dialogue» avec les sectes ultraorthodoxes et prétextant que le procès pourrait coûter des sous à Outremont, Tomlinson ignore certains avis juridiques qui ne font pas son affaire et décide de mettre un terme à la poursuite qui oppose l’arrondissement à Rosenberg. 

Qu’importe si les locaux contestés ont fait l’objet de travaux illégaux et qu’ils ont forcé les inspecteurs à intervenir pas moins de 52 fois sur le chantier. Grâce à une entente hors cour, le ploutocrate hassidique allait enfin pouvoir aller de l’avant avec sa mégasynagogue de près de 10 000 pi2. Au diable le résultat référendaire qui avait explicitement rejeté tout nouveau lieu de culte sur Bernard.

Comment Diable notre bon maire allait-il s’y prendre pour maquiller toutes les faveurs qu’il a octroyées à Michael Rosenberg? C’est simple. Il va mettre du fond de teint sur la pustule. 


L’idée est géniale. Philipe n’a qu’à sortir un demi-million de la poche des contribuables outremontais pour aménager une magnifique placette juste devant la synagogue controversée.

Fallait y penser. D'ailleurs, il avoue que le projet est dans les cartons depuis 2018. Aussi bien dire que c'est depuis que Rosenberg a déposé sa poursuite contre la ville pour forcer la réalisation de son lieu de culte. Un temple que son coreligionnaire lobbyiste Max Lieberman avait publiquement qualifiée de simple «synagogue dépanneur»! 

À l'été 2019, le maire avait déjà préparé le terrain en faisant aménager une belle saillie de trottoir végétalisée sur l'emplacement même de sa fameuse placette. 

Pour un gars qui ne voulait surtout pas affronter Rosenberg de peur de risquer nos deniers publics (et sa réélection!), ne trouvez-vous pas tout à coup qu'il a la dépense grandiose pour une placette?

Tomlinson parle de 559 000$ pour un projet de quelque 200 m2 qui deviendra ni plus ni moins qu'une
oasis de verdure. Mais attendez. En considérant que la récente saillie de trottoir qu'il a fait aménager occupe déjà un bon tiers de l'espace total de son projet, c'est dire que son verdissement «granitisé» de 133 m2 ne nous reviendra à rien de moins que 4 203 $/ m2. C'est presque deux fois et demi plus cher le mètre carré que pour un appartement en dehors du centre-ville de West Palm Beach et près de huit fois le budget d'aménagement de la place Kate McGarrigle, sur Laurier. Wouppelai!

À gauche, la placette Champagneur, sortie d'urgence du Théâtre Outremont. Au centre et à droite, la place McGarrigle, sortie de détente. De dimensions comparables, les deux offrent un éclairage d'ambiance. La place McGarrigle a même une boîte aux lettres en plus.

À ce prix de pacha, il faudra équiper nos chenillettes de pantoufles à semelles de feutre cirées pour ne pas abimer la surface marbrée lors du déneigement. Heureusement, Philipe Tomlinson nous rassure. En raison des équipements d’Hydro-Québec qui se trouvent juste sous la placette, il sera très difficile de verdir le site. Les cols bleus ne risquent donc pas de piétiner une végétation luxuriante. Bon, ben... On se reprendra ailleurs pour contrer les ilôts de chaleur! Pour finir, avez-vous observé quelque chose de particulier sur la maquette illustrant la future placette Champagneur? Regardez bien.  

La version post-révolution tranquille de Marie de l'Incarnation intégrée dans la maquette de la placette de Projet Montréal.

Pas l'ombre d'un aîné ou d'une vieille riche occidentale colonialo-suprémaciste. Pas même une procession de hassidim en liesse. On se trouve pourtant devant ce qui est en voie de devenir la plus grande synagogue
post-référendaire de l'avenue Bernard.

Ne cherchez pas les marmots ou les mouflets en poussette.Ni les Mercedes stationnées devant la Brasserie Bernard, pas plus que les Dodge Grand Caravan qui filent en direction de Petit chic ou de chez Walters. Pour 200 000$, Tomlinson a affirmé qu'il aura piétonnisé la rue Bernard cet été. Fini les maudits chars polluants!

Mais Projet Montréal n'aura tout de même pas oublié d'y placer une bonne Outremontaise encore plus ensaucissonnée (si c'est Dieu possible!) que le fut notre bonne Marie de l'Incarnation au XVIIe siècle. Si c'est pas du Projet Montréal tout craché, ça!

D'un côté, le Théâtre Outremont, bâtiment patrimonial d'architecture art déco. De l'autre, deux étages commerciaux transformé en lieu de culte intégriste en grande partie illégal (zone en rouge). Vive la convivialité et la bonne entente!

Le 23 mars dernier (photo ci-haut), Pollak, le lobbyiste Feig et Tomlinson arpentaient encore la future place qui l'immortalisera bientôt. On aurait dit qu'ils étaient en train de mettre la dernière main au joyau de la couronne. Peut-être négociaient-ils encore où devraient être placées les statues de marbre du David de Michael... Rosenberg et de son premier serviteur Philipe? Et Mindy, là-dedans? Elle demeurera fidèle au principe théocratique fondamentaliste de la modestie féminine. 

Une chose est sûre. Impossible, ici, de mettre des vitres givrées sur la placette pour empêcher les hormones des adolescents hassidiques de coller au plafond de la boîte crânienne. Notre trio s'entendra peut-être pour une belle grande haie de cèdres pour préserver la chasteté des âmes pures.

Mazel tov*, mon Philipe!


* Bonne chance!

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