mercredi 4 mai 2011

LA BOUCHERIE DES DIEUX

Si vous avez vu le reportage de l'émission Enquête sur la façon dont Le Berger Blanc, la principale fourrière privée au Canada, maltraite ou se débarrasse des 30,000 animaux qui y transitent chaque année, vous avez probablement eu des haut-le-cœur.
Un chien vivant mené à la mort au bout d'une perche du Berger Blanc

Enquête nous révélait les méthodes d'euthanasie cruelles qui y sont utilisées, le peu d'empathie et l'absence quasi systématique d'effort pour retracer les propriétaires des animaux domestiques perdus.


On n'a pas besoin de s'appeler
Brigitte Bardot pour convenir que ce n'est pas une façon civilisée de traiter un être vivant. D'ailleurs, des citoyens du Plateau Mont-Royal n'ont pas attendu le reportage-choc pour dénoncer la boucherie. Dès l'assemblée du conseil de novembre 2010, Mme Judith Wiseman et d'autres citoyens avaient dénoncé publiquement les mauvais traitements assimilés à la torture qui se perpétraient à l'intérieur des murs de cet Abou Ghraib canin. Si bien que le 3 mai 2011, plus de 42,000 citoyens et citoyennes avaient signé la pétition réclamant des changements aux contrats de fourrières municipales. (Pour voir les interventions de quatre citoyens, cliquez ICI et avancez à 37 min 25 s).

Si vous avez été troublé par ce documentaire, j'aime autant ne pas voir la tête que vous ferez lorsque vous apprendrez comment, pour des raisons strictement de croyances religieuses, on écorche vif les animaux destinés à la consommation humaine. Des animaux que vous et moi mangeons à belles dents puisque leurs viandes se retrouvent dans un grand nombre de nos épiceries, petites et grandes. Qu'il soit fait selon les prescriptions de la loi islamique (dhabiha ou halal) ou de la Torah (shehita, cachère ou glatt kosher), l'abattage rituel des animaux a principalement pour but de vider la bête de son sang... impur.
Pour se conformer au diktat religieux, le boucher tranche la veine jugulaire, l'artère carotide, l'œsophage et la trachée de la bête. Le bourreau prend cependant grand soin de ne pas sectionner la moelle épinière des animaux sacrifiés sur l'autel de l'intégrisme. Il ne les étourdit même pas. Tout cela parce qu'en étant pleinement conscient, l'animal a des convulsions qui «améliorent le drainage». À côté de ça, aussi dégueulasse qu'elle puisse être, la piqûre faite sans supervision au Berger Blanc pourrait presque paraître humaine.
Brebis égorgées vives dans un abattoir halal

Si vous avez l'estomac solide, cliquez ICI pour voir un vidéo sur l'abattage halal de brebis, de moutons et de vaches.
Pour tout vous dire, les différences entre l'abattage halal et cacher sont mineures. Lorsque les musulmans égorgent leurs animaux, ils disent : «Au nom de Dieu», et la viande devient halal... mais pas cachère. Lorsque les Juifs égorgent leurs animaux, ils disent : «Au nom de Dieu» et un rabbin doit être présent à l'abattage afin que la viande soit déclarée cachère.

Aux États-Unis, c'est l'organisme People for Ethical Treatment of Animals qui a soulevé l'indignation générale après s'être infiltré pendant plusieurs semaines chez Agriprocessors, la plus importante chaîne d'abattoirs cachers d'Amérique du Nord, propriété de la famille Rubashkin .Les scènes captées à l'intérieur de l'entreprise au Nebraska, en Iowa et au Michigan sont épouvantables à regarder.

Cette vache tout à fait consciente vient de se faire arracher la trachée dans un abattoir cacher. Elle sera relâchée et mettra de nombreuses minutes avant de mourir, exsangue

Si vous avez le courage, cliquez ICI pour voir combien cette technique de mise à mort est absolument révoltante.



D'ailleurs, au sein même de la
communauté juive américaine, ce scandale a créé un tel malaise que des rabbins ont pris part à une table ronde télévisée. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que selon qu'ils étaient plus ou moins orthodoxes, les rabbins ne parlaient pas à l'unisson.

Cliquer ICI pour être témoins de cette discussion entre rabbins.





Ces scandales mis à jour ont même amené Jonathan Safran Foer, l'auteur à succès gagnant du National Jewish Book Award à produire un documentaire (version courte) intitulé If this is kosher... Pour la petite histoire, l'auteur s'est aussi converti au... végétarisme.





Après ce que nous venons de voir, nous pourrons probablement compter sur Piper Huggins, la conseillère du district Jeanne-Mance de Projet Montréal pour qu'elle ne limite pas sa lutte au seul scandale du Berger Blanc. Elle devrait aussi s'attaquer à l'alimentation religieuse.

Mme Huggins, l'artisane du dossier sur la résiliation du contrat du Berger Blanc

Il ne suffit plus de boycotter les
shampooings testés sur des lapins. Il faudrait dénoncer le traitement réservé aux animaux de boucherie massacrés au nom de préceptes religieux quels qu'ils soient.

Les pourfendeurs du Berger Blanc ne pourront pas demeurer insensibles à la viande que des millions de Québécois sont susceptibles de consommer (généralement sans le savoir) pour satisfaire les strictes prescriptions alimentaires d'à peine 35 000 intégristes religieux. 

4 commentaires:

Mariclaude Ouimet a dit…

Écorcher vif des animaux au nom de préceptes religieux, c'est incroyablement sadique et inhumain !

Quel terme doit-on employer quand il s'agit de circoncision pratiquée à froid, sur un bébé, à la maison, par un rabbin ?

http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/rima-elkouri/200809/21/01-21978-la-vie-secrete-des-hassidim.php

S. Rivard a dit…

Cela est dénoncé en France par le FN pour le halal, mais pas le cachère. Lobbys oblige!

En plus de considérer certains animaux comme impurs (le porc; soit dit en passant... Le boudin, c'est fait à froid?!), en plus il faut les évider à vifs!
En Chine, ce sont les anguilles sur les étals qui sont dépecées vivantes. Il existe aussi les usines à poulets, à agneaux, à veaux... mais les préceptes religieux n'interviennent pas.
Est-ce plus louable comme cruauté, qu'elle soit culturelle ou industrielle?

Si on se limte à l'abattage, au Qc, nous pouvons en effet demander aux instances politiques d'agir. Et à nous, comme consommateurs avertis, de choisir!

Martin Gamache a dit…

J'ai eu le malheur de visiter un abattoir un jour de production cachère. Cela m'a totalement dégoûté de cette "méthode". Ce n'est pas parce que c'est approuvé par un texte religieux ancien que c'est moins barbare, au contraire...

Mais évidemment, nous risquons l'anathème à nommer les choses telles qu'elles sont.

Par contre, ne nous servons pas de ceci pour oublier nos propres travers.

Guillaume Laforest a dit…

Ce qui manque sur ce blog, c'est un peu de perspective. Les agissements de la communauté ultra-Orthodoxe de votre quartier sont parfois/souvents répréhensibles, j'en conviens.

Ce papier intitulé "La boucherie des Dieux" manque toutefois grandement de profondeur et sert de prétexte à vos lecteurs grano-pseudo-végétariens pour dénoncer un mauvais traitement animal qui n'en est peut-être pas un.

D'une part, quelqu'un s'est-il informé des méthodes actuelles d'abattage dans une usine non-cachère ? Le traitement des animaux est-il mieux ?

Est-on certain que l'animal souffre lorsque qu'il est abbatu de manière cachère ? Souffre-t-il plus que dans un abattoir régulier ? Il y a matière à discussion, pourtant les propos de vos lecteurs que je crois intelligents mais peu objectifs sont peu nuancés.

Au moment où elles ont été mises en places, les techniques d'abattage cachère visaient le plus grand respect de l'animal, donc à s'assurer que celui-ci souffrait le moins possible. Manger de la viande est un grand dilemme pour les Juifs, car cela requiert la prise d'une vie, ce qui est tout à fait contre la Torah.

Certains lecteurs devraient démontrer un peu plus d'objectivité intellectuelle au lieu de se cacher derrière un athéisme aveugle.