Depuis l’antiquité, le rêve de se soustraire à la gravité, de s’élancer dans le ciel et de flotter au-dessus des nuages n’a jamais quitté l’humanité. Mais à trop vouloir se rapprocher du soleil, on risque de se brûler les ailes et de se perdre.
Professeur titulaire au département d’histoire de l’Université d’Ottawa, Pierre Anctil s’est tellement approché des lumières cabalistiques des intégristes hassidiques qu’on dirait qu’il s’est cramé les rétines au point d’en devenir aveugle. Obnubilé par leur mythologie, son esprit critique s’est transformé en un serment d’allégeance inconditionnel. Je laisse à Frédéric Bastien — professeur d’histoire au collège Dawson aujourd’hui décédé — le soin de dénoncer la mauvaise foi renversante et les raisonnements farfelus de son collègue Anctil.
Un p'tit traitement à la cire fondue, les amis? |
Se proclamant contre la hiérarchie des droits et refusant que l’égalité des sexes prime sur la liberté religieuse, Pierre Anctil était déjà allé jusqu’à prétendre que les institutions hassidiques ne respectaient pas les exigences du ministère parce que leurs jeunes étaient déjà submergés par un programme judaïque très contraignant et chronophage. Méchant argument, vous en conviendrez.
Anctil n’est pas le seul amicus curiae des fondamentalistes ultraorthodoxes. Sa fascination a fait des émules auprès de chercheurs qui ont développé des relations d’extrême proximité avec leurs sujets d’étude. On en retrouve une belle palette dans Les Juifs hassidiques de Montréal, le dernier ouvrage collectif de Pierre Anctil et Ira Robinson.
Parmi les neuf auteurs qui ont collaboré à ce bouquin, on compte la professeure Christine Brabant, principale responsable de l’étude sur la scolarisation à la maison des jeunes hassidim d’Outremont.
Il est vrai que, mis à part la position « sympathique aux réalités et aux défis » de ces communautés ultraorthodoxes qu'elle avoue dans son rapport, on ne lui connait pas de déclarations publiques sur ses états d'âme à l'égard des sectes ultraorthodoxes. N’empêche que pour les fins de son étude, Mme Brabant s’est malheureusement limité aux seuls leaders de l’Association éducative juive pour l’enseignement à la maison (AEJEM). Personne du ministère de l’Éducation, de la Direction de l’enseignement à la maison, de la Commission scolaire English Montreal n’a été invité à donner son appréciation de l'expérience de l'enseignement à la maison.
Mme Brabant a laissé aux porte-parole hassidiques le soin de faire passer tous les messages qui leurs convenaient. Même le lobbyiste Alain Picard, payé pour donner ses consignes en matière de communication, ne s'est pas privé de faire valoir son point de vue. Disons que ça teinte un peu la sauce.
Parmi les contributeurs au livre d'Anctil, certains donnent carrément l’impression d’avoir été victimes d’un syndrome de Stockholm tellement ils prennent fait et cause pour les communautés ultrareligieuses.
Valentina Gaddi fait partie de ces ardents défenseurs des revendications rabbiniques fondamentalistes. La doctorante en sociologie ne s’est pas simplement intéressée de près aux relations intercommunautaires de notre arrondissement. Elle s’y est investie corps et âme, au point de devenir officiellement administratrice de l’association activiste Friends of Hutchison Street (FOHS) mise sur pied par le lobby hassidique et devenue un Safe Space réservé à ceux et celles qui chantent leurs louanges.
Ce n’est qu’après avoir milité quelques années au sein de cette chapelle marginalisée qu’elle a entrepris la recherche dont elle nous livre les grandes lignes dans l'ouvrage d’Anctil et Robinson. Elle n’a pas souhaité garder la distance professionnelle nécessaire pour mener son « enquête ». D’où son analyse indéniablement contaminée. Jetez-y un coup d'oeil!
Steven Lapidus en est un autre dont le copinage a fait prendre une drôle de tangence. À titre d’exemple, c’est avec une candeur déconcertante que le professeur d’études juives canadiennes de Concordia s’est prononcé contre un projet de règlement de zonage à Outremont concernant les lieux de culte. « Mes amis hassidiques de New York n’ont jamais entendu parler d’une synagogue soumise à des pressions pour fermer parce qu’elle n’avait pas de permis. » J’adore !
Lapidus va jusqu’à nous mettre en garde : « S’ils ne déménagent pas [hors du quartier], ils vont dominer… Si vous voulez parvenir à une résolution pacifique des problèmes d’Outremont, n’attendez pas que les hassidim soient majoritaires. » Merci, Steven, de nous prévenir que les dirigeants théocrates pourraient devenir belliqueux et sans pitié envers la future minorité francophone. Encore heureux qu’aujourd’hui ils soient prêts à négocier... pourvu qu’on se plie intégralement à leur diktat. Grâce à son talent à dénaturer les propos des autres, Lapidus a aussi le don de se faire des amis. Demandez-le à Raymond Cloutier, l’acteur-essayiste-romancier qui a également été président de l’Association de l’avenue Bernard.
Je ne dirai rien sur Shauna Van Praagh. Pourquoi donc? Ben, chaque fois qu'elle me croise sur le trottoir, la pauvre Shauna fait des grands yeux de chevreuil pétrifié à la tombée de la nuit. C'est comme si elle s'attendait à ce que je l'écrase avec un pick-up F-150 sur un chemin boisé. Je n'ai pourtant rien contre elle. Je ne vais pas la traumatiser davantage.
Je terminerai plutôt l’exercice en traitant des cas de Chantal Ringuet et de Jessica Roda.
Pour ceux, nombreux, qui ne la connaîtraient pas, Chantal Ringuet n’est nulle autre que la conjointe de Pierre Anctil. Il lui fait d’ailleurs une belle petite place dans son bouquin. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’ensemble, le couple n'a aucune difficulté à parler des deux côtés de la bouche.
Un exemple ? Interviewé par Joël Le Bigot, Anctil jure sur la Torah « qu’aucune autorité rabbinique ne donne de consignes de vote aux électeurs ultraorthodoxes. Ils jouissent de la liberté de conscience comme tous les citoyens ». Pourtant dans son dernier ouvrage collectif, il laisse sa douce moitié soutenir exactement l’inverse : « Contrairement à la majorité des citoyens de Montréal, pour qui l’acte de voter relève d’un droit individuel, la collectivité hassidique suit les directives et les suggestions de certains dirigeants. »
Pour appuyer ce qu'elle avance, Ringuet exhibe même un tract électoral (voir plus bas) qu'elle a traduit et dont la dernière ligne signifierait que « [ceux qui votent] de la manière indiquée [seront] assurés d’obtenir le salut au terme de [leur] vie. » Remarquez que Chantal a tout à loisir de détricoter le travail de Pierre. Après tout, ce n’est pas elle qui a le mandat de ménager la chèvre et le chou devant les caméras et de nous faire avaler des couleuvres.
En parcourant le chapitre de Ringuet, on découvre une chercheuse qui, plutôt que de transmettre le fruit de son analyse avec un minimum d’objectivité, laisse transpirer à grosses gouttes son dédain et sa condescendance à l’égard des « individus » qu’elle considère des trouble-fête (j’en suis!).
C'est sans parler des faussetés qu'elle raconte, comme cette histoire du parti de la mairesse Marie Cinq-Mars qui aurait « menacé de fermer des synagogues hassidiques sur son territoire ». En revanche, Chantal ne manque pas de flatter dans le sens du poil un parti politique (Projet Montréal / Outremont) en symbiose avec ses magnifiques valeurs humanistes.
Sur sa page Wikipédia, on apprend qu’elle est « écrivaine primée, chercheuse littéraire et traductrice littéraire primée ». Ce qui est un peu ennuyeux, c’est que l’encyclopédie en ligne laisse apparaître un bandeau de mise en garde :
Se pourrait-il que Wikipédia la confonde avec Arielle Dombasle, la femme de Bernard-Henri Lévy ? Pas drôle pour une écrivaine primée de se faire publiquement rabaisser le caquet comme ça. Encore heureux qu’is n’ont pas traité son papier de Ringard !
Tant qu’à être dans les mentions rectificatives, je signalerais à Pierre Anctil qu’à la page 89 de sa bible, son écrivaine a commis une bourde impardonnable pour quelqu’un de si haute érudition. Elle confond un « prospectus électoral » avec un « pamphlet ». Une honte, Pierre. Surtout dans un de vos précieux ouvrages de référence.
Le fameux « pamphlet » de Chantal. |
Heureusement, Jessica Roda, elle, n’est pas du genre à commettre ce genre de bévue de novice. Mais quand l’anthropologue et chercheuse postdoctorale au Département d’études juives de l’Université McGill fraye trop longtemps avec Chantal, ensemble, elles peuvent dérailler solide.
Ce fut entre autres le cas lors d’une assemblée du conseil d’arrondissement d’Outremont de 2018. Les deux comparses se sont servies d’une polémique montée de toute pièce sur les autobus scolaires qui dégorgent à gros bouillons sur nos rues résidentielles.
Ça n’a pas empêché Chantal Ringuet d’en remettre une couche sur les carrés jaunes dans le livre de son époux. Encore heureux qu’elle n’ait pas décidé de se convertir au judaïsme comme elle le racontait dans The Times of Israel. « [Si je me convertissais au judaïsme], soutenait-elle, je perdrais toute distance par rapport au travail sur la culture juive. » Oh ! Mon Dieu ! Si elle avait franchi le pas, imaginez combien nous y aurions goûté ! Celle qui passe souvent pour faire partie de la « Tribu » nous aurait très certainement traités de « goyishe kopf ». En yiddish, l'expression « tête de non-juif » signifie un crétin ou un imbécile.
Fady Dagher, le chef du Service de police de la Ville Montréal ne sait pas à quoi il a échappé le 27 janvier dernier quand plusieurs services de police se sont réunis, ruban jaune sur le torse, pour déplorer le fait que plus de 1650 enfants ont été blessés ou tués lors de leurs déplacements en transport scolaire au cours des six dernières années.