samedi 28 mai 2016

LES «DEALERS» DE L'OMBRE



Il y a quelques temps, Amy Fish, une femme qui oeuvrait au Jewish Eldercare de Côte-des-Neiges, publiait The Art of Complaining Effectively, un bouquin qui explique comment s’y prendre pour être entendu, comment obtenir le remboursement qui nous est dû ou le job que l’on veut. Foi d’Amazon, la recette permettrait même de se faire offrir
la salade la plus fraîche en ville pour garnir notre sous-marin à la dinde !


Mardi soir dernier, il est clair que les ténors de la communauté hassidique n’avaient jamais entendu parler de ce bouquin. Certains diront que ces hommes en noir n’avaient pas besoin de se farcir cette plaquette puisqu’ils ont mille fois fait la preuve qu'ils ont ça dans le sang.

Alors que tous les citoyens d’Outremont étaient conviés à une assemblée de consultation publique sur le projet de règlement qui envisage d'interdire l’ouverture de nouveaux lieux de culte sur les artères commerciales Bernard et Laurier, près d’une soixantaine d’ultraorthodoxes a brusquement quitté la salle.


Dès que Michael Rosenberg, le grand vizir de la communauté hassidique, s’est levé, toute sa cour s’est élancée vers la sortie. 

Le coup d’éclat était manifestement prémédité puisque certains d’entre eux ont déroulé, comme un rouleau de prière, des affiches sur lesquelles était écrit (en français, s’il vous plaît!) «consultation bidon».

Max Lieberman, ce lobbyiste pur et dur de la secte satmar, était tout fier de brandir à nouveau son statut d'éternelle victime au beau milieu de l'assemblée de consultation publique.

Bidon, la consultation? Vraiment? Je vais leur rafraîchir la mémoire à tous ces bons hommes qui déchirent leurs châles de prière et crient à l’antisémitisme. Se souviennent-ils seulement de cette soirée de consultation publique qui s’était tenue pratiquement en secret dans l’arrondissement du Plateau, le 7 juillet 2008?

C’était un beau lundi d’été, en plein à l’heure du souper. Nous étions au zénith de la période des vacances estivales. Dans la salle pratiquement déserte de l'immeuble de la Fraternité des policiers, Madame Marlène Schwartz, conseillère en aménagement et responsable du dossier, y présentait un projet d'agrandissement d’une synagogue que les dirigeants de la communauté ultraorthodoxe Bobov tenaient mordicus à réaliser en douce sur la rue Hutchison.

Je m’en souviens comme si c’était hier. Imaginez. J’étais le seul citoyen présent à cette soirée de consultation. Et encore. Je dois une fière chandelle à ce journaliste particulièrement bien renseigné qui m’a refilé l’information ultra-secrète une heure avant trop tard. N’eût été ce «délateur» épris de démocratie participative et de transparence, le lobbyiste Mayer Feig et sa clique se seraient fait offrir sous le manteau l’agrandissement de leur synagogue à la barbe et au détriment de tous les citoyens d’Outremont et du Plateau.


Ça, aux yeux des gros bonnets hassidiques, c’est de la consultation publique comme ils l’aiment. Un bon gros «deal» derrière des portes closes et insonorisées où nos amis à rouflaquettes peuvent négocier, la redingote déboutonnée, avec des élus à genoux.

C’est d’ailleurs ce que Abraham Ekstein déplore dans Le Devoir. Il estime que les chances de trouver une solution seraient meilleures si la mairesse Cinq-Mars acceptait une rencontre privée avec des représentants de sa communauté. Pour lui et ses coreligionnaires, gros lobby égal gros bon sens. Et on peut aisément le comprendre. Les élus de tous bords, tous côtés en bavent d'intérêt. Un passe-droit contre un vote en bloc! Dur dur à refuser, hein les gars (et les filles)!

 
Abraham Ekstein, membre de la secte satmar dont les enfants fréquenteraient  l’école illégale de la rue Casgrain.

Contrairement à ces manigances illégitimes et scandaleuses auxquelles on nous avait habitués, la consultation de mardi dernier était plus que nickel. 


Bien sûr que les élues avaient adopté une position claire, sinon il n’y aurait jamais eu le dépôt d’un projet de modification du règlement, c’t’affaire! Mais tous les citoyens étaient sollicités pour exprimer ce qu’ils en pensaient. Tous pouvaient espérer exercer suffisamment de pression pour faire infléchir les édiles dans un sens ou dans l’autre. Alors, à partir du moment où les porte-voix de la communauté hassidique décident de se bâillonner eux-mêmes et de s’auto-exclure, ils n’ont qu’à s’en prendre à eux même. 

En passant, rappelons un truc à M. Ekstein qui s'indignait, en mars dernier, que le terrain de la zone C-6 (avenue Durocher, au nord de Van Horne) destiné à accueillir de nouveaux lieux de culte ait dû être temporairement retiré pour des raisons techniques. 

Qu’il aille donc manifester sa grogne au bureau de sa conseillère Mindy Pollak. C’est elle et elle seule qui a voté contre l’ajout de cet emplacement de la zone C-6 qui aurait permis à de nouveaux lieux de culte de s’y établir. Visionnez mon intervention à l'assemblée du conseil du 7 mars 2016 où je déplore le vote contre nature de la conseillère Pollak. 

Mardi soir dernier, on sentait bien que quelque chose d’anormal se tramait. Contrairement à la première soirée de consultation qui s’était tenue sur cette même question, le 1er décembre 2015, les ultraorthodoxes ne se sont pas rués à la table d’enregistrement pour monopoliser le temps de parole de la soirée. 

Même les habituels défenseurs des minorités «opprimées» qui s'étaient manifestés le 1er décembre 2015 sont restés dans leur tanière, mardi dernier. C'est vrai que depuis qu'on a démontré que leurs fameux «entrepôts» se transformeront en un magnifique campus universitaire, ça leur a un peu coupé le sifflet.

De plus, tout indique que Projet Montréal a été complice de la rebuffade antidémocratique que se préparaient à faire les leaders théocrates.

Étrangement, aucune figure de Projet Montréal du Plateau ne s’est montré le bout du nez. La pauvre Mindy Pollak a dû se contenter de papa-maman qui (de peur qu’elle s’enfarge?) la tiennent par la main depuis qu’elle a appris à marcher.


Projet Montréal: Tomlinson, Gosselin et Sanger, présents tous les trois lors de la 1ere soirée de consultation publique, ne se sont pas montré la fraise lors de la séance de mardi dernier.

Philipe Tomlinson, le coordonnateur de l’association locale de Projet Montréal dans Outremont et qui conseillait la néophyte Pollak depuis son élection de 2013, semble être disparu dans la brume. Christine Gosselin, la conseillère du district Jeanne-Mance, brillait, elle aussi, par son absence. Même Daniel Sanger, le sulfureux conseiller politique de Projet Montréal ne s’est pas montré la face pour sentir et analyser le pouls et l’ambiance de la soirée.

Pire. La veille de la consultation publique, la conseillère Gosselin a endossé et propagé la chronique fallacieuse de la page Facebook des Friends of Hutchison Street (fondée par sa consoeur ultraorthodoxe Mindy Pollak!) intitulée Une approche sectaire contre les lieux de culte à Outremont.

Se servant d’une vidéo prise illégalement lors de la première soirée de consultation publique de décembre 2015, la bande à Pollak dénigre le processus démocratique. Christine Gosselin en a profité pour «bitcher» sur un ancien journaliste en le ridiculisant en ces termes :

« Quand on pense à la “vie de quartier” à Outremont, est-ce qu'on s'imagine les anciens journalistes dans leurs jardins ou les centaines d'enfants sur leurs tricycles sur le trottoir, le va-et-vient des voisins, l'agitation du vendredi soir? Quand on pense à l'avenir, est-ce qu'on doit penser à une communauté en phase de croissance exponentielle ou bien à la jouissance d'une retraite dorée dans des conditions définies par une vision décidément isolationniste de la société idéale? Selon vous? »


Baveuse à souhait, Gosselin se prend pour Miss Chavez! Elle postillonne sur les «vieux» qui ont eu une vie professionnelle exemplaire et bien remplie? Elle leur reproche d’avoir économisé tout au long de leur vie? De pouvoir en jouir sans devoir vivre aux crochets de la société? Un coup parti, pourquoi ne milite-t-elle pas pour l’euthanasie obligatoire des retraités, cette racaille nauséabonde et plissée qui n’est même plus foutue d’engendrer des gosses à la douzaine pour remplir les écoles illégales?


En crachant au visage de M. Larin, Gosselin me lance  une crotte par la bande (bien que je ne sois pas à la retraite). Sans le savoir, elle gifle un tas d'autres personnes, y compris ma propre mère, elle aussi une ancienne journaliste vivant, oh horreur!, de son pécule. Pour remettre «Mignonne» à sa place, elle pourrait citer Ronsard et rappeler à la conseillère (au cas où elle ne s’en serait pas encore aperçu) qu’elle a, hélas!, déjà perdu «les plis de sa robe pourprée» et que sa propre date de péremption approche. À l’éculé «Time flies», ma vieille mère préfère dire: «Le temps fait mouche!»

Christine Gosselin ne se limite pas à son mépris de ceux qui la précèdent de peu. Elle a le culot de renverser les rôles et de décréter que, dorénavant, les isolationnistes ne sont plus les religieux sectaires qui sont forcés d’aller trouver l’âme sœur à New York pour conjurer la consanguinité, mais les citoyens pleinement intégrés à la société.


C’est ça, sa «société idéale»? Honte aux citoyens qui privilégient le darwinisme au créationnisme, l’éducation supérieure au lavage de cerveau, l’épanouissement de soi au flétrissement de l’esprit critique, la modernité aux pratiques moyenâgeuses? On veut bien croire que dans son pedigree, la conseillère de Projet Montréal nous rappelle qu’elle a fait des études médiévales, mais il y a des saintes limites! Christine, ton jupon à cerceaux dépasse! Pis pas à peu près.

Plutôt que de raconter des énormités, on préférerait nettement que Gosselin s'en tienne à ses masques du Carnaval de Venise ou à ses préoccupations sur Facebook du sort des rainettes faux-grillon, de Private Minette ou des becs-cie.

Comme si ça ne suffisait pas, la porte-parole de Projet Montréal en matière de salubrité et propreté rajoute un préjugé infamant et salissant à l’égard d’un grand nombre des citoyens qui l’ont tout de même élue:

«Il y a quelqu'un qui m'a fait remarqué (sic) l'autre jour qu'au Québec, on ne sait pas gérer la croissance de quoi que ce soit. Quand quelque chose devient gros, on prend peur, on ferme et on barre la porte derrière nous.»

Entre vous et moi, maintenant qu’elle ne se gêne plus pour dénigrer le Québec, Gosselin a tout ce qu’il faut pour se lancer en politique fédérale.

Allez savoir, maintenant ce que feront Mindy Pollak et sa suite (Friends of Hutchison Street) de la nouvelle vidéo qu'ils ont tournée lors de cette dernière soirée de consultation. 

Se la jouant comme les dirigeants hassidiques, deux hommes se sont non seulement moqué de l'interdiction formelle faite aux journalistes non accrédités de filmer la soirée, mais l'un d'eux s'est faussement prétendu journaliste et a utilisé une carte remise à n'importe quel quidam qui suit un cours de photographie par correspondance auprès du New York Institute of Photography.
 
Avec la complicité de Christian Aubry (à droite), résident de la rue Hutchison, Yanky Pollak, un hassidim qui s'est récemment coupé les couettes, a trompé les services d'ordre et les responsables des communications de l'hôtel de ville d'Outremont en exhibant une fausse carte de journaliste.
Reconstitution de la carte de presse bidon utilisée par M. Pollak

Quant à Christian Aubry qui tire parti de ces vidéos tournées en toute illégitimité, voici, selon le générique du repiquage qu'il a mis en ligne, les clients (ou commanditaires) de son œuvre! Chapeau, Aubry! À moins qu'il faille désormais dire Kippa!

2 commentaires:

Unknown a dit…

Et c'est nous qui sommes les vilains et les mécréants!!!

Unknown a dit…

Texte intéressant autant par son approche documentaire que le style d'écriture. Cela dit, les problèmes persistent et les machinations aussi. C'est ce que votre document démontre avec force et intérêt.