samedi 9 novembre 2013

L'HABIT ET LE MOINE


Le ministre Drainville a finalement déposé son fameux projet de loi projet de loi au nom aussi long que la passion du Christ.

Ces derniers mois, qu'est-ce qu'on n'aura pas vu, entendu et lu sur cette question des valeurs de laïcité? Sans craindre le ridicule, Charles Taylor y est allé d'un parallèle avec la Russie de Poutine. Certains, comme le Congrès Maghrébin au Québec, en sont même rendus à qualifier ce projet de loi de charte liberticide. Pourquoi pas génocidaire, un coup parti? 

La quasi totalité des immigrants qui ont choisi de venir s'installer au Québec et de vivre avec et parmi nous ne réclame ni ne souhaite se soumettre au vent rétrograde des courants intégristes qui souffle de plus en plus fort sur le monde. 



Le Collectif No Borders contre la Charte "xénophobe" - 20 octobre 2013

Ce midi, au radiojournal de la Première chaîne, une femme de Parc Extension d'origine bengalaise affirmait (en français!) qu'elle enlèverait sans problème son voile pour travailler. Pourtant, à en croire certains détracteurs du projet de loi, la question des signes ostentatoires va condamner l'ensemble des croyants de toutes confessions au bien-être social. 

J'entendais l'autre jour Victor Goldbloom dire qu'il a fait toute sa carrière sans porter la kippa. Est-il pour autant moins croyant ou moins juif qu'un Lionel Perez, le conseiller orthodoxe de NDG (Équipe Coderre) qui prétend que cette charte les «privera du droit à leurs choix moraux ou religieux».

M. Goldbloom soutient que «la neutralité religieuse ne réside pas dans les vêtements, mais dans l'esprit». Ça se défend. Mais il est certainement tout aussi juste de prétendre que la piété et la ferveur religieuse ne résident pas dans un accoutrement vestimentaire, mais dans l'âme.

Quand Lionel Perez clame que «la laïcité inclusive se fonde sur la liberté et l’égalité d’expression de chaque option morale ou religieuse dans l’espace public», je ne peux faire autrement que de sourire.

Je ne suis pas prêt d'oublier cette soirée du 15 juin 2010 où les conseillers d'Union Montréal Marvin Rotrand et Lionel Perez avaient fait un esclandre de 20 minutes parce que le conseiller Alex Norris ne portait pas de cravate. Il n'était pas assez ostentatoire à leur goût.

Pour ne pas froisser la liberté de religion (lire ma chronique du 5 décembre 2010) et pour empêcher que l'on refoule une fonctionnaire qui ne présente que deux trous pour les yeux, Lionel Perez se battrait jusqu'en Cour suprême. Mais pour un élu municipal qui pouvait fort bien croire que la cravate est davantage l'apanage des bandits en complet trois pièces qu'un gage de respectabilité, Perez était prêt à réclamer son expulsion manu militari (voir la vidéo de l'incident vestimentaire). Cherchez la logique là-dedans.

La fameuse vidéo clandestine qui a rattrapé Coderre à la fin octobre


Ce n'est hélas! pas en écoutant l'argument du nouveau maire que le Montréalais trouvera son chemin de Damas. Devant un parterre de dirigeants hassidiques (presque) triés sur le volet, Denis Coderre a atteint un summum de démagogie racoleuse:

 «Je me bats actuellement contre la Charte [des valeurs québécoises] parce qu'elle divise les gens.», leur avait-il raconté.(cliquer ICI pour visionner la vidéo controversée)

Elle est pas mal, celle-là. Le nouveau maire va-t-il aussi se battre contre la politique... parce qu'elle divise les gens?

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